Mieux comprendre et se protéger de la grippe aviaire
L’article précédent portant sur “Les risques de la grippe aviaire” pourra mieux vous avertir sur cette maladie.
Manifestation clinique de la maladie
La forme faiblement pathogène peut ne provoquer que des symptômes tels que plumage ébouriffé, ponte moins fréquente ou avoir des effets bénins sur le système respiratoire. Sous sa forme hautement pathogène, le virus n’affecte pas seulement le système respiratoire comme dans la forme bénigne mais attaque aussi de nombreux organes et tissus et peut provoquer des hémorragies internes massives. Les manifestations cliniques suivantes sont observées en totalité ou en partie, chez les oiseaux infectés par une souche hautement pathogène d’IA (notamment la souche H5N1) :
- Prostration et apathie ;
- Chute soudaine de la production d’œufs et ponte de nombreux œufs à coquille molle ou sans coquille ;
- Caroncules et crêtes enflées et congestionnées ;
- Gonflement de la peau sous les yeux ;
- Toux, éternuement et signes nerveux ;
- Diarrhée ;
- Hémorragie au niveau des jarrets ;
- Il se peut que l’on constate quelques décès pendant plusieurs jours suivis d’une propagation rapide avec un taux de mortalité pouvant alors avoisiner les 100% dans les 48 heures.
Comment prévenir la maladie ?
Au niveau national, Il est extrêmement important de disposer de systèmes de détection et d’alerte rapide opérationnels dans le cadre d’une stratégie efficace face à l’IA. Ceci doit être accompagné d’efforts du même ordre en matière de préparation permettant de faire face à l’apparition d’un foyer potentiel. Partout dans le monde, des mesures de surveillance ont été mises en place pour détecter la présence de l’infection chez les volailles conformément aux normes pour la surveillance de l’influenza aviaire de l’OIE. De plus, les programmes de surveillance observent l’apparition, la prévalence et la caractérisation des virus de l’IA trouvés chez les oiseaux sauvages. La surveillance des oiseaux sauvages prend en compte les différentes voies migratoires surtout aux points de rassemblement des oiseaux migrateurs en provenance de différents continents.
Quant aux producteurs de volaille, ils doivent appliquer des mesures de biosécurité pour éviter que le virus ne s’attaque à leur élevage. Parmi ces mesures, les plus importantes sont les suivantes :
- Tenir les volailles éloignées des zones de fréquentation d’oiseaux sauvages ;
- Exercer un contrôle de l’accès des personnes et des équipements aux poulaillers ;
- Éviter d’aménager sur le terrain des dispositifs susceptibles d’attirer les oiseaux sauvages ;
- Assurer un bon état sanitaire de l’exploitation, des poulaillers et de l’équipement ;
- Éviter d’introduire dans l’élevage des oiseaux dont l’état sanitaire n’est pas connu ;
- Notifier les oiseaux morts et malades ;
- Éliminer de façon appropriée les produits d’origine animale et les volailles mortes.
Comment contrôler la maladie
En cas de détection de la maladie, on a généralement recours à une politique “d’abattage” (destruction) dans le cadre des efforts menés pour lutter contre la maladie. Ces efforts menés pour contrecarrer la maladie comprennent :
- La destruction sans cruauté de tous les oiseaux infectés et exposés ;
- L’élimination appropriée des carcasses et de tous les produits d’origine animale ;
- La surveillance et recherche de volailles potentiellement infectées ou exposées ;
- La mise en quarantaine et le contrôle strict des déplacements des volailles et de tout véhicule à risque ;
- La décontamination rigoureuse des lieux infectés ;
- Le respect d’un délai minimal de 21 jours avant l’introduction de nouvelles volailles.
Cas particulier du Cameroun
Nous ne saurions terminer cette présentation sans évoquer le cas du Cameroun où la filière avicole a connu pendant un bon moment la plus grande crise de son histoire. En effet, après être diagnostiquée le 22 mai 2016, l’épizootie n’a pas cessé de prendre l’ampleur pour atteindre d’autres régions dont le sud et l’ouest. Cette dernière a été touchée particulièrement par cette épizootie, car étant le bassin de production au Cameroun et en Afrique centrale, elle a enregistré des pertes économiques importantes chiffrées de nos jours a plusieurs milliards de francs CFA selon l’interprofession avicole du Cameroun (IPAVIC). Sur le plan hygiénique, bien que la présence de la souche H5N1 a été confirmée par le laboratoire national vétérinaire (LANAVET) et le centre pasteur, aucun cas de maladie humaine n’a été signalé jusqu’à nos jours.
Le Cameroun ayant fait face à une seconde épizootie de peste aviaire après celle de 2006, il serait important de proposer quelques recommandations aux différents acteurs de la filière avicole. ces recommandations visent dans un premier temps à prendre les mesures nécessaires pour relancer la filière après cette épizootie mais surtout à mettre sur pied les mesures nécessaires pour éviter d’autres épizooties dans l’avenir. Ceci dit, nos recommandations vont vers les acteurs suivants :
Les pouvoirs publics en charges de l’élevage et activités connexes doivent prendre les mesures nécessaires pour relever la filière notamment par des dédommagements et subvention de certaines matières premières (céréales..), ainsi que la mise à la disposition des aviculteurs des poussins d’un jour. Renforcer le réseau d’épidémio surveillance en matière de grippe aviaire afin d’éviter l’apparition d’autres épizooties. Nous invitons les aviculteurs et les futurs aviculteurs à suivre les séminaires pareils sur les mesures de biosécurités et de les mettre en œuvre dans leurs différentes exploitations. Enfin, de se rapprocher des spécialistes en production et santé animale pour avoir les conseils et les programmes de prophylaxie adéquats nécessaires pour une bonne conduite de leur exploitation, car en production animale « prévenir vaut mieux que guérir » et « l’animal ne te remet que ce que tu lui a donné ».
Présenté par : Martin TOUKAM