Les dangers de la grippe aviaire
La filière avicole est l’une des mieux structurée, la plus dynamique parmi les filières de productions animales au Cameroun. Mais depuis 2006 cette filière fait face à de nombreuses difficultés parmi lesquelles la grippe aviaire est de loin la plus importante. En effet après la première épizootie qui avait été diagnostiquée au Cameroun le 11 mars 2006 avec des dégâts économiques non négligeables, les acteurs de la filière avicole ainsi que les autorités non cessés de multiplier les efforts pour éradiquer cette zoonose, mais ces derniers ont vu leurs efforts réduits à néant et s’avérer ainsi insuffisants lorsqu’un nouveau foyer a été diagnostiqué le 22 mai 2016 dans la région du centre plus précisément au complexe avicole de Mvog-Beti. Face à cette réémergence de la peste aviaire nous avons jugé nécessaire de sensibiliser le public camerounais en général et en particulier les membres d’Agriculture Leader (Clinique Agricole) sur cette maladie d’où l’idée de faire cette présentation. Il sera question dans cet exposé de vous présenter en quelques mots la grippe aviaire (peste aviaire), après une brève définition notre sujet sera articulé autour de l’historique de la maladie et de sa localisation géographique d’une part et d’autre part, autour la transmission et de propagation de la maladie.
L’influenza aviaire (IA), provoquée par le virus de l’influenza de Type «A» est une maladie animale qui peut infecter plusieurs espèces d’oiseaux d’élevage (poulets, dindons, cailles, pintades, etc.) ainsi que les oiseaux d’ornement et les oiseaux sauvages, certaines souches entraînant un taux de mortalité élevé. Ce virus a également été isolé chez des mammifères dont l’homme, le rat et la souris, le vison et le furet, le porc, le chat, le tigre et le chien. Il y a plusieurs souches de virus de l’IA, généralement classées en deux catégories :
- Les souches faiblement pathogènes (IAFP) provoquant généralement peu ou pas de manifestations cliniques chez les oiseaux ;
- Les souches hautement pathogènes (IAHP) entraînant de graves manifestations cliniques et/ou une forte mortalité.
La souche hautement pathogène H5N1 du virus de l’Influenza Aviaire a beaucoup fait parler d’elle ces dernières années en raison de l’apparition de foyers importants chez les oiseaux domestiques et les oiseaux sauvages au niveau mondial à partir de l’Asie. La situation est préoccupante en raison du degré de virulence non seulement chez les volailles mais également chez les oiseaux sauvages ainsi que la capacité de cette souche à s’étendre aux mammifères. Les virus de l’Influenza Aviaire se cantonnent généralement à l’animal alors que le virus de l’IAHP (influenza aviaire hautement pathogène) H5N1 a provoqué des cas humains.
Localisation géographique et historique de la maladie
L’IA est présente dans le monde entier avec différentes souches plus présentes dans certaines parties du monde. Pour ce qui est de l’historique de cette maladie la littérature nous informe que :
– En 1997, une souche hautement pathogène d’IA H5N1 est apparue en Asie du sud -est et s’est propagée dans de nombreux pays d’Asie, du Moyen Orient, d’Afrique et d’Europe. Elle a été également associée à la maladie et à la mort d’humains ayant été en contact étroit avec des oiseaux infectés.
– En 2002, Hong Kong a rapporté des cas mortels d’Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP) chez des oiseaux sauvages. Il s’agissait des premières notifications d’oiseaux sauvages morts de l’IAHP en Asie.
Le premier cas d’IA H5N1 notifié en Afrique date de Février 2006 au Nigéria. Avec des foyers d’IA H5N1 hautement pathogène chez des oiseaux d’élevage apparus en Asie, Afrique et Europe, c’est la première fois dans l’histoire de cette maladie qu’autant de pays sont simultanément touchés et perdent autant d’oiseaux.
– Enfin 2016 qui n’est plus à présenter avec d’abord des cas en Europe (France) et maintenant en Afrique (Cameroun).
Mode de transmission et de propagation de la maladie
De nombreux facteurs peuvent contribuer à la propagation des virus de l’IA notamment :
- La mondialisation et les échanges commerciaux internationaux (légaux et illégaux) ;
- Les pratiques de commercialisation (marchés aux oiseaux vivants) ;
- Les pratiques d’élevage ainsi que la présence des virus chez les oiseaux sauvages ;
- Le réservoir (celui qui porte le virus sans toutefois être sensible aux effets néfastes causés par ce dernier) : il est représenté ici par les oiseaux sauvages qui peuvent héberger le virus dans leur système respiratoire et intestinal.
Les virus de l’IA peuvent se propager par contact direct avec les sécrétions d’oiseaux infectés, tout particulièrement par leurs déjections ou par l’intermédiaire de la nourriture, de l’eau, d’équipements ou de vêtements contaminés.
Pour ce qui est de la propagation, Les virus de l’influenza aviaire sont très contagieux chez les volailles et se propagent rapidement d’une ferme à l’autre avec les mouvements d’oiseaux domestiques vivants, des hommes (surtout en cas de contamination des chaussures et d’autres vêtements), par les véhicules, divers équipements, la nourriture ou les cages contaminés.
Présenté par : Martin TOUKAM