La mangue sauvage au Cameroun: Transformation et consommation
Qu’est ce que c’est?
La mangue sauvage est le fruit d’un arbre à la cime hémisphérique et au fût plus ou moins tortueux et cylindrique. C’est l’un des produits forestiers non ligneux les plus prisés en Afrique centrale en général et au Cameroun en particulier. Encore appelée NDO’O au Cameroun, elle constitue une source majeure de protéines végétales et de revenus pour les différents acteurs impliqués dans la filière. Ici, on en trouve deux espèces : Irvingia gabonensis à la chaire sucrée dont l’arbre atteint 40 mètres de hauteur et 1,20 mètre de diamètre. Et Irvingia wombulu à la chaire amère qui dépasse rarement 25 mètres de hauteur et 80 centimètres de diamètre. Les fruits de la première espèce sont charnus et volumineux (200 g) avec des amandes de grande taille. Tant dis que ceux de la deuxième sont plutôt petits (85 g) et amers avec de petites amandes. Nous présenterons dans cet article les formes de consommation et de transformation de la mangue sauvage au Cameroun.
Où la trouve t-on au Cameroun?
Espèce d’Afrique tropicale, on trouve le ndo’o dans les forêts denses humides de basse altitude, surtout dans les zones
anciennement habitées. En particulier au Cameroun, Le ndo’o à chaire sucrée se développe dans toute la zone forestière humide, dans les régions du sud, du littoral, du centre, de l’est et du sud-ouest. Par contre l’espèce à chaire amère est plus localisée au sud-ouest. De manière générale, l’espèce à chaire amère pro-duit des fruits en saison sèche, tandis que l’espèce à chaire sucrée en produit d’avantages pendant la saison pluvieuse
Les différentes formes d’utilisation de la mangue sauvage
En plus de son usage alimentaire, l’écorce de son arbre est d’une usage médicinale. On utilise la pâte d’amandes en pharmacopée traditionnelle dans le traitement de la hernie, la diarrhée et la fièvre jaune. Et
aussi utilisée comme cicatrisant, antipoison et contre les douleurs dentaires.
Elle s’utilise aussi comme ingrédient ou comme sauce. Comme ingrédient, on peut ajouter la
poudre de la mangue sauvage dans d’autres sauces (tomate, arachide..)
pour y apporter l’effet gluant et le goût. Dans la plupart des cas, on utilise la poudre de la
mangue comme base de la sauce.
Dans les parcelles agro forestières l’arbre est apprécié pour son ombrage ainsi que pour ses diverses vertus environnementales (contrôle de l’érosion, régulation des flux hydriques, etc,…).
Sa transformation
Selon les besoins, les fruits de mangue sauvage connaissent 4 étapes principales
de transformations:
L’obtention des amandes: Il y a deux possibilités; laisser la chaire pourrir avant de casser le fruit avec
un marteau ou une pierre, ou alors fendre les fruits encore
verts avec la machette ou autres instruments tranchants. Ces travaux sont
dans la plupart des cas effectués dans la forêt.
Le séchage: Les amandes (avec ou sans peau) sont séchées au soleil ou à la
fumée.
La pâte: Elle provient des amandes bien sèches. pour l’obtenir, on grille les amandes avec
un peu d’huile rouge blanchie puis on les pile. On aura alors une pâte de couleur
chocolat qui sera ensuite placée dans un moule (assiettes, seaux, une boite de
conserve…). Ces moules sont exposés au soleil ou au feu pour solidification.
La poudre: La poudre de la mangue sauvage n’est pas encore vulgarisée dans les marchés.
Cependant, dans certaines régions du sud il existe des Groupes Initiatives
Commun qui tentent de la faire. Pour l’obtenir, il suffit de râper
la pâte. On utilise cette poudre pour faire la sauce de la mangue sauvage.
Autres sous produits de la mangue sauvage: distinguons entre autres des produits comme l’huile, le savon, le whisky,etc. Au niveau artisanal, on obtient l’huile de la mangue sauvage en exposant simplement la pâte
au soleil ou en la plaçant sur le feu à une certaine température
La consommation de la mangue sauvage au Cameroun
Il est très consommé dans certaines régions du Cameroun comme le centre, le sud, le littoral et le sud-ouest. Par an, la moyenne de consommation d’un ménage varie entre 3,2 et 14,1 kg. Tout aussi considéré comme un aliment des peuples forestiers du Cameroun, le ndo’o prend de plus en plus de place dans les habitudes alimentaires d’autres régions à l’instar de l’ouest et du nord.
Les contraintes
De nombreuses contraintes occasionnent le ralentissement de cette
activité au Cameroun. Parmi les freins à la transformation de la mangue sauvage, on peu citer entre autre:
Le manque d’informations: Il existe très peu d’informations disponibles sur les procédés
de transformation des produits naturels en milieu rural
Faible implication des opérateurs économiques: Les opérateurs économiques ne
semblent pas manifester un grand engouement pour la transformation de ces produits.
Le manque du matériel adéquat: A l’exception du laboratoire identifié à Douala, les
outils utilisés par ce qui ont commencé à prendre des initiatives dans le champs de la
transformation sont assez rudimentaires.
Absence du marché pour les produits nouveaux: Le marché des nouveaux produits
reste assez faible sans doute du fait de l’absence de promotion des initiateurs.
La non maîtrise du cadre juridique: Les producteurs ne maîtrisent pas encore les normes de qualité tout comme les droits de la propriété intellectuelle. Par conséquent, la protection de leur invention reste une préoccupation.
Grâce à la valeur alimentaire, économique et médicinale du ndo’o elle contribue de façon irréfutable à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement. La mangue sauvage est un produit forestier non ligneux émergent dans la sous Région de l’Afrique centrale voire dans le reste du monde. Conscients son importance dans la sécurité alimentaire et de son rôle de complément de revenu dans les ménages, les états doivent mettre des efforts dans l’organisation d’une filière de production et de transformation de cet aliment.
Nous espérons que cet article vous a apporté des informations utiles. N’hésitez pas à nous laisser un commentaire ou à partager cet article avec un ami.