L’agriculture intelligente : un enjeu stratégique pour le développement durable
L’agriculture est au cœur des enjeux du développement durable. Elle doit nourrir une population croissante, tout en préservant les ressources naturelles et en s’adaptant au changement climatique. Mais comment y parvenir ? Quel modèle agricole adopter pour concilier efficacité, équité et durabilité ?
Dans ce contexte, l’agriculture intelligente apparaît comme une solution prometteuse. L’agriculture intelligente améliore les performances de l’agriculture sur les plans économique, social et environnemental. Elle s’adapte aux spécificités de chaque contexte. Elle s’oppose à l’agriculture de maison, rudimentaire et sans objectif, qui ne répond pas aux besoins des populations ni aux défis du développement durable.
Cet article présente les principes et les exemples de l’agriculture intelligente. Il analyse aussi les obstacles et les opportunités pour sa mise en œuvre. Nous verrons comment l’agriculture intelligente peut favoriser le développement durable, en respectant l’environnement, les droits humains et les besoins des populations.
Qu’est-ce que l’agriculture intelligente et pourquoi est-elle nécessaire ?
L’agriculture intelligente est une approche qui vise à optimiser les performances économiques, sociales et environnementales de l’agriculture, en tenant compte des spécificités de chaque contexte. Elle repose sur trois piliers :
- L’augmentation de la productivité et de la rentabilité agricoles, en utilisant les meilleures pratiques et les technologies disponibles. Elle vise aussi à réduire les coûts et les risques.
- La réduction de l’impact environnemental de l’agriculture, en préservant les ressources naturelles. Elle vise aussi à atténuer les émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter au changement climatique.
- L’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, en assurant la disponibilité, l’accessibilité et la qualité des aliments. Cela concerne tous, en particulier les populations vulnérables.
L’agriculture intelligente propose une alternative à l’agriculture conventionnelle dite de maison. Celle-ci a de nombreuses limites: faible productivité, forte consommation d’intrants chimiques, dégradation des sols et sensibilité aux aléas climatiques. Cette agriculture conventionnelle ne crée ni emplois ni revenus pour les agriculteurs, qui restent dans la pauvreté et l’exclusion.
L’agriculture intelligente est donc nécessaire pour relever les défis du XXIe siècle, qui sont :
- La croissance démographique, qui entraîne une augmentation de la demande alimentaire et une pression sur les terres arables.
- Le changement climatique affecte la variabilité et l’incertitude des conditions météorologiques. Il augmente aussi la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles.
- La dégradation des ressources naturelles, qui limite la disponibilité et la qualité de l’eau, des sols et de la biodiversité.
- La pauvreté et les inégalités, qui engendrent la faim, la malnutrition, les conflits et les migrations.
L’agriculture intelligente vise à transformer le secteur agricole. Elle veut en faire un moteur de développement durable, qui répond aux besoins des populations et respecte l’environnement.
Les défis et les perspectives pour généraliser l’agriculture intelligente et en faire un levier de transformation sociale et écologique
Les défis de l’agriculture Intelligente en Afrique
L’agriculture intelligente offre de nombreuses opportunités pour améliorer la situation des agriculteurs africains et camerounais, mais elle implique également des défis à surmonter. Parmi ces défis, on peut citer :
- Le manque d’accès aux technologies, aux infrastructures, aux services et aux marchés, qui limite la capacité des agriculteurs à adopter et à diffuser les innovations liées à l’agriculture intelligente.
- Le manque de financement, de soutien politique et de coordination entre les acteurs, qui entrave le développement et la mise en œuvre des politiques et des programmes favorables à l’agriculture intelligente.
- Le manque de connaissances, de compétences et de sensibilisation, qui réduit la demande et l’acceptation des solutions d’agriculture intelligente par les agriculteurs et les consommateurs.
- Le manque d’inclusion, de participation et d’équité, qui exclut certains groupes sociaux, notamment les femmes, les jeunes et les minorités, des bénéfices de l’agriculture intelligente.
Comment surmonter les obstacles et saisir les opportunités de l’agriculture intelligente pour un développement durable ?
Pour relever les défis de l’agriculture intelligente, il faut renforcer les capacités des agriculteurs et des autres parties prenantes à travers la formation, le conseil, le partage d’informations et le réseautage. Il faut également mobiliser les ressources financières et techniques nécessaires pour soutenir l’investissement dans l’agriculture intelligente. Il faut enfin promouvoir un dialogue multi-acteurs et une gouvernance participative pour assurer la cohérence, la coordination et la responsabilisation des actions menées en faveur de l’agriculture intelligente.
En généralisant l’agriculture intelligente, on peut espérer créer un cercle vertueux qui contribue à la transformation sociale et écologique du continent africain. L’agriculture intelligente est donc une voie prometteuse pour réaliser le développement durable en Afrique et au Cameroun. Elle nécessite toutefois un engagement fort et une collaboration étroite entre tous les acteurs concernés : les agriculteurs, les chercheurs, les décideurs politiques, les secteurs privé et public, la société civile et les organisations internationales.
L’agriculture Intelligente au Cameroun
Plusieurs initiatives innovantes d’agriculture intelligente sont déjà lancées ou prévues au Cameroun. Par exemple :
- Dans la commune de Ngoulemakong, dans la province du sud du Cameroun, des séchoirs solaires sont utilisés depuis début 2018 pour sécher le manioc et le stocker ainsi plus longtemps afin de permettre aux agriculteurs d’en obtenir un meilleur prix. Jusqu’à présent, plus de 500 producteurs de manioc ont réduit leurs pertes après récolte et en ont obtenu des prix plus élevés, tout en créant un marché potentiel pour les fournisseurs de séchoirs solaires.
- Dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, un projet financé par le Fonds vert pour le climat vise à promouvoir l’agroforesterie comme moyen d’améliorer la productivité agricole, de restaurer les sols dégradés, de séquestrer le carbone et de diversifier les sources de revenus des agriculteurs. Le projet prévoit de planter 5 millions d’arbres sur 50 000 hectares de terres agricoles. Il prévoit aussi de former 40 000 agriculteurs aux pratiques agroforestières.
- Dans la région du Littoral du Cameroun, une start-up nommée Agrix Tech utilise le numérique pour optimiser la gestion des cultures maraîchères3. La start-up a développé une application mobile qui permet aux agriculteurs de contrôler à distance l’irrigation et la fertilisation de leurs parcelles grâce à des capteurs connectés. L’application utilise également l’intelligence artificielle pour analyser les données et fournir des conseils personnalisés aux agriculteurs.
Ces exemples montrent que l’agriculture intelligente est possible et bénéfique pour les agriculteurs Africains. Mais elle nécessite un accompagnement technique, financier et institutionnel pour se diffuser et se maintenir. L’agriculture intelligente n’est pas une théorie abstraite, mais une réalité concrète. Elle se traduit par de nombreuses initiatives innovantes dans le monde. Ces initiatives améliorent la productivité, la rentabilité, la durabilité et la résilience des systèmes agricoles